Donner et recevoir du feedback

Donner et recevoir du feedback

L’art de la croissance mutuelle

Ah, le feedback ! Ce mot anglo-saxon qui s’est doucement faufilé dans nos conversations professionnelles, nos ateliers de développement personnel et même nos dîners de couple. Il est sur toutes les lèvres, souvent invoqué, parfois redouté, rarement maîtrisé. Et pourtant, derrière ce terme un peu technique se cache un art relationnel aussi délicat qu’essentiel : celui de se dire les choses pour mieux évoluer ensemble. Un art qui, lorsqu’il est pratiqué avec justesse, devient un formidable levier de croissance individuelle et collective.

Le feedback, ce mal-aimé

Soyons honnêtes : donner ou recevoir un feedback n’est pas l’activité préférée de tout le monde. Pourquoi ? Parce qu’il réveille en nous des peurs ancestrales : peur de blesser, peur d’être jugé·e, peur de ne pas être à la hauteur. D’un côté, il y a celle ou celui qui tremble à l’idée de « faire mal », de l’autre, celui ou celle qui craint de « prendre mal ». Résultat : on évite, on tourne autour, on l’édulcore ou, pire encore, on l’assène comme une gifle déguisée en franchise.

Mais alors, comment transformer ce potentiel champ de mines en terrain fertile ? Comment faire du feedback un outil au service de la relation, et non une arme de destruction massive ?

Donner un feedback : ni sucre, ni fiel

Un bon feedback, c’est un peu comme une bonne recette : il demande des ingrédients précis, une pincée de délicatesse, un zeste de clarté, et une bonne dose de bienveillance.

1. Du spécifique, pas du flou artistique
Oubliez les généralités vagues du type « Tu n’es pas très pro » ou « Tu devrais être plus motivé·e ». Un feedback utile s’appuie sur des faits observables : « Lors de la réunion de mardi, tu es arrivé·e 15 minutes en retard sans prévenir, ce qui a retardé le début de la présentation. » C’est précis, factuel, et donc plus facilement entendable.

2. L’intention comme boussole
Pourquoi donne-t-on ce feedback ? Est-ce pour se défouler ou pour faire progresser l’autre ? La question mérite d’être posée. L’intention de faire grandir, d’améliorer, d’ouvrir une porte plutôt que d’en claquer une, est la clef de voûte d’un feedback constructif.

3. Le “sandwich” : à manier avec subtilité
Commencer par un point positif, glisser la critique, puis conclure sur un encouragement : la fameuse technique du sandwich a ses adeptes. Elle peut fonctionner, à condition que les compliments ne soient pas de simples emballages décoratifs autour d’un reproche mal digéré. Autrement dit : de l’authenticité, toujours.

4. Le bon moment, le bon lieu
Un feedback n’est pas une attaque surprise. Il se donne à froid, dans un cadre respectueux, propice à l’écoute. Le faire devant tout le monde ? Mauvaise idée. L’envoyer par mail un dimanche soir ? Encore pire. Prendre un temps dédié, dans un climat serein, change tout.

Recevoir un feedback : du recul et du souffle

Recevoir un feedback, c’est un peu comme ouvrir un colis sans savoir ce qu’il y a dedans. On peut y trouver un cadeau, un conseil avisé, ou parfois une remarque piquante qui pique là où ça gratte déjà. Mais c’est aussi une chance précieuse d’apprendre quelque chose sur soi.

1. Respirer avant de réagir
L’écoute active commence par le silence. Résister à l’envie de se défendre immédiatement, de corriger ou de contre-attaquer permet de laisser la place à ce que l’autre dit. Et si on ne comprend pas, on peut toujours demander des précisions.

2. Faire le tri
Tout feedback n’est pas bon à prendre au pied de la lettre. Il s’agit de distinguer ce qui résonne d’un jugement personnel de l’autre. Se demander : « Qu’est-ce que je peux en retirer de constructif ? » et laisser le reste glisser, comme l’eau sur les plumes d’un canard.

3. Remercier, même si c’est inconfortable
Remercier l’autre d’avoir pris le temps de nous partager un point de vue, même si cela bouscule, est une posture puissante. Cela signifie que l’on reconnaît la valeur de l’échange, même imparfait.

Feedback et relations : un jeu de miroirs

Donner et recevoir du feedback, c’est se prêter mutuellement un miroir. Ce n’est pas « la vérité » qu’on échange, mais un regard, une perception, un signal. Et ce signal, s’il est accueilli sans jugement ni défense, peut devenir une boussole relationnelle précieuse.

Dans les relations professionnelles, il alimente la coopération, désamorce les tensions latentes, renforce la confiance. Dans les relations personnelles, il nourrit l’intimité, clarifie les malentendus, affine la connaissance mutuelle. Bref, il rend les liens vivants.

Mais cela demande un petit apprentissage. Comme on apprend à danser à deux, à écouter un tempo, à ajuster son pas.

Trois postures-clés à cultiver

1. La curiosité
Être curieux·se de l’autre, de ce qu’il ou elle vit, de comment il ou elle perçoit notre comportement. Cela suppose de suspendre notre certitude d’avoir raison. Et d’ouvrir un espace où chacun·e peut exprimer son ressenti.

2. L’humilité
Reconnaître que l’on n’est pas parfait·e, que l’on peut se tromper, avoir blessé sans le vouloir, être à côté de la plaque. C’est parfois un petit pas pour l’ego, mais un grand pas pour la relation.

3. L’envie d’évoluer
Le feedback n’est pas une fin, c’est un début. Un tremplin vers un « mieux », vers un ajustement, une évolution, une co-création du lien.

Le feedback, muscle relationnel de demain ?

Dans un monde où l’on parle de plus en plus d’intelligence émotionnelle, de communication non violente, de leadership authentique… le feedback n’est plus un luxe, c’est une compétence essentielle. Et comme tout muscle, il se travaille. Il se développe par l’usage, l’expérience, les essais-erreurs. Il ne s’agit pas de viser la perfection, mais la justesse. Pas de devenir un donneur de leçons, mais un partenaire de croissance.

Et si nous faisions collectivement de cet art relationnel un réflexe naturel ? Une habitude joyeuse, un rituel de connexion ? Après tout, dire à quelqu’un : « Je crois en ta capacité à évoluer, et j’ai envie qu’on avance ensemble », n’est-ce pas une forme sublime de reconnaissance ?

Sources :

  1. « Le feedback constructif : un outil de développement professionnel »La Revue des Sciences de Gestion
  2. « Émotions et feedback : quels enjeux en entreprise ? »Harvard Business Review France
  3. « La communication interpersonnelle dans la relation d’aide »Persée
  4. « Feedback et performance dans les équipes »Revue Française de Gestion
  5. « Favoriser l’apprentissage par le feedback »IFÉ – Institut Français de l’Éducation

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